Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

J’ai relu « le Passage » de Jean Reverzy.

Depuis des années j’affirme, à qui veut m’entendre, que je passerai les dernières années de ma vie à relire mes « livres préférés »…à savoir…mais je n’ose pas les compter. Ce dont je suis certaine, c’est que j’ai 80 ans et que je n’ai relu ni Hugo, ni Stendhal, ni Anatole France, ni Joseph Roth…alors pourquoi Reverzy ? Et pourquoi « le Passage » ?
En musique, je ne me pose pas de question et je pourrais écouter en boucle le Concerto pour piano de Schumann, les cantates de Bach, les Sept paroles du Christ en croix, le concerto 21, les grands airs wagnériens par Waltraud Meir…et Brel, Piaf ou Sinatra…La musique fait partie de ma vie et la vieillesse n’a pas atténué nos relations.
Avec l’âge on lit moins, moins vite, avec moins d’attention mais acheter des livres reste une manie incontrôlable.
Aussi avoir une pile de livres à portée de main devient un impératif, surtout quand vos amis apprécient que vous continuiez à vous intéresser à tout.
J’ai lu pour la première fois « le Passage » en avril 2000. J’étais encore en activité et la lecture était toujours au programme de mon temps libre.
Nous sommes en août 2016. Mes amies libraires continuent à me faire lire ce qu’elles considèrent comme le meilleur. Je refuse tout ce qui dépasse les 500 pages mais quand je découvre les petits chefs d’œuvre de Gaëlle Josse, j’en parle à tout le monde.
En prenant sur l’étagère le livre de Reverzy, j’ai compris que je me souvenais de toute l’histoire, celle de l’agonie d’un homme qui abandonne Tahiti, sans rien laisser derrière lui, pour pouvoir « crever » de sa maladie dans sa ville natale où il n’a gardé qu’un seul ami, un médecin qui pourra l’aider.
Attendre la Mort, m’est apparu comme le passage indispensable vers la fin du monde. Pourtant en avril 2000 ma mère était encore là, ma salle d’attente était pleine et nous n’avions pas vécu, ni le 11 septembre, ni tous les attentats intégristes.
Le héros presque agonisant de Reverzy donne à la mort une sorte de simplicité à laquelle je n’avais jamais pensé. La mort de mes proches et la mort que je pouvais offrir à des animaux en fin de vie, m’était toujours apparue comme une sorte de descente aux enfers. Je souffrais parce que cette mort-là m’était imposée. En tant que thérapeute, je la savais indispensable mais je n’avais jamais eu le temps, ni de m’y préparer, ni de l’intégrer dans mon respect de la vie.
En 2OOO, après avoir lu le Passage je n’ai pas eu envie de connaître les autres romans de Reverzy : « Place des Angoisses » ou même « Le Corridor ».
Cette relecture m’a apporté le calme. Ainsi, après plus de quinze ans et après tous des départs à peine oubliés, j’ai compris que nous devons garder des contacts avec la Mort, sans jamais la mépriser. Elle est naturelle pour tous les êtres vivants et aucun thérapeute ne peut nous en préserver.
Pourquoi ne pas simplement considérer la vie comme un passage ?
Après m’avoir lu, ne vous perdez pas en chemin. Dites-vous que découvrir en 2016 le Renaudot de 1954, prouve sûrement que les bons livres ne vieillissent jamais.

 

Reverzy 1

2 commentaires

    • sylvia fize-roussel sur 11 avril 2019 à 16:11

    J’aurai 76 ans la semaine prochaine et j’ai entendu parler de Jean Reverzy sur France culture au petit matin! (je suis insomniaque et je n’avais plus de somnifère)Moi aussi,j’ai toujours des piles de livres à portée de la main et comme je vis seule ,mon fils me dit que je vais être étouffée sous mes livres; chaque fois que je veux « ranger » mon couloir bibliothèque ,je dérange et je relis au lieu de faire le ménage ou je trouve une surprise que j’ai achetée et oubliée (les romans sont pour la plupart en anglais,langue que j’ai enseignée jusqu’à ma retraite!)
    Amicalement
    sylvia

    • Paillé André. sur 20 juin 2018 à 17:56

    Bonjour, j’ai 81 ans et j’ai lu « le passage » à sa parution en 1954 et depuis je pense que ce livre n’a cessé de m’accompagner et qu’il m’a aidé à vivre, et, maintenant à envisager la mort avec un « certain » détachement…
    Cordialement.

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