Plus question d’en rire!

Pendant toute cette parade médiatique Dieudonné, j’ai beaucoup lu, écouté, regardé mais je n’avais pas envie d’écrire. Or, il y a quelques minutes, j’ai revu un extrait d’un film de Chaplin et j’ai ri aux larmes.

J’aime rire et je crois bien que j’aime mieux rire que pleurer. Ma mère disait que le rire l’avait protégée de la peur. Elle avait une passion pour les chansonniers et surtout pour Pierre Dac. Je me demande ce qu’elle aurait pensé de toute cette escalade à odeur de fumier ? Elle aurait cherché à savoir comment et pourquoi il avait construit cette haine, pour tout juste en faire un spectacle accrocheur. Elle serait allée l’écouter. Elle aurait sûrement pris la parole. Il y a bien longtemps, nous avions assisté à un débat organisé par un certain André Ribard. Il affirmait que l’antisémitisme soviétique était raisonné et ma mère s’est levée pour l’interrompre : « L’antisémitisme est une maladie contagieuse qui tue et qu’il faut combattre par tous les moyens, n’importe où, même en URSS. »

Ainsi était ma mère. Aurait-elle trainé Dieudonné au Mémorial ? L’aurait-elle  obligé à regarder Shoah ? Aurait-elle déposé sur son gros front cette étoile qui ne l’a jamais quittée ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Mais ce que je sais, c’est que personne ne peut  rire de ces enfants qui ont été étouffés dans les trains ou dévorés par les chiens.

A-t-on le droit de rire du massacre des Cathares, de celui de la Saint-Barthélemy, de celui des Arméniens ou des Tziganes ? On ne peut pas rire d’un homme qui meurt…celui qui croyait au Ciel et celui qui n’y croyait pas.

Dieudonné vous êtes un artiste, metteur en scène et interprète. OK ! Vous haïssez les Juifs. OK ! Vous détestez Israël et tous les sionistes du monde. OK !

Etre détestée par un créateur de votre acabit, je m’en réjouis, mais que vous vous en preniez à mon père, à mon grand-père et à tous les autres…je m’y oppose. Je ne vous juge pas en tant qu’homme de spectacle, mais je vous juge en tant qu’homme, religieux ou pas. Vous savez bien, que tous ces Juifs morts ne risquent pas de vous cracher à la figure, et, que tous les vivants de ma génération n’ont plus guère la force de vous arracher les… oreilles.

Pourquoi ne pas nous rencontrer ? Je n’ai guère envie de vous « psychanalyser » mais je veux comprendre le pourquoi, de votre passion pour Hitler et le pourquoi de votre haine pour les Juifs, morts ou vivants.

J’ai aimé bien des comiques…Bourvil, Bedos, Dac, Carrière, Soupleix et tant d’autres. Je crains que, de là-haut, ils ne vous montrent du doigt.

Dieudonné, vous êtes un imposteur et quand votre public en aura assez de votre haine, j’espère que vous serez obligé de faire la manche. Ne comptez pas sur moi pour vous offrir quelques miettes de pain azyme.

« Mieux vaut pleurer de rien

que rire de tout » disait notre ami Gainsbourg…encore un Juif !