Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

Je me souviens de 2011

Avant de ranger dans un tiroir mon vieil agenda, j’en tourne une à une les pages, comme pour installer dans ma mémoire ces moments qui m’ont aidée à gérer l’année. 365 jours…des mois, des semaines, des jours mais aussi des heures que je ne compte plus. Depuis plus de cinquante ans je refuse l’existence même de cette année 2011. A 30 ans je ne voulais pas même imaginer que l’on puisse avouer ses 75 ans. A 50, j’ai commencé à compter en arrière…il ne me reste plus que 25 ans. J’ai foncé, accrochée à mes différentes activités, à ma vie personnelle et sans vraiment « craquer ». Le 1er juillet, j’ai compris que j’étais loin d’avoir terminé tout ce que je m’étais promis de faire, avant de fermer les portes. Mes proches ont su verrouiller mon refus de la vieillesse.

Après de longs jours de désarroi, je me suis obligée à marcher en levant la tête et j’ai changé de parfum. Je surveille la balance, et j’aime de plus en plus les écharpes en cashmere.

ny2012

En janvier 2011, j’enregistre avec Nathalie Lefèvre ma première émission sur Radio Médecine Douce. Nous n’avons qu’une émission par mois mais les Médecines alternatives savent que les supports informatiques sont à leur disposition.

En février, Boiron accepte mon ouvrage dont le but est de faire connaître les Grands Bâtisseurs de l’Homéopathie du 20ème siècle. L’équipe est soudée et la réussite de ce projet est au tableau de mes vœux pour 2012.

Le 20 février, au Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, je découvre qu’un metteur en scène peut être un magicien. Romeo Castellucci offre un Parsifal mystique mais sensuel, hallucinatoire et palpitant, désincarné et fondu dans la pierre…Les chevaliers du Graal nous précipitent dans le néant. La musique de Wagner, s’imprégnant d’un décor palpitant et des vibrations de la lumière, nous conduit vers des chemins poétiques jamais atteints à ce jour. J’en parle chaque jour à qui accepte de m’écouter.

Début mars, accompagnée par Antonia je pars pour New-York. Pendant trois jours je me nourris de ces quartiers ignorés des touristes…des petits musées , des galeries de peintures, des bistrots…Juliet et Yoni n’oublient rien, pas même un concert de jazz.

A Boulder , nous retrouvons Sarah. En trois jours nous tombons sous le charme du Colorado…la neige, le soleil, des animaux partout et des humains fougueux et chaleureux.

Au retour, le 8 avril, je me confie à un jeune chirurgien qui comprend que je n’aime guère les contraintes. Ces quelques jours de repos forcé sont les bienvenus. Je reste à la maison et je reprends mon projet Boiron.

Pour assister fin mai à tous les spectacles du Festival de Puteaux dirigé par Nathalie Juvet, je traîne un peu la patte mais je commence à imaginer pouvoir m’intégrer dans une équipe.

Devant une classe de 2de je parle de la Shoah, de ma vie pendant quatre ans…une enfant dans la tourmente. Nombreuses sont les questions et je sais que ces jeunes veulent comprendre et que je ne fais que mon devoir.

L’été s’installe et le 1er juillet est là, en moi. Je voudrais recouvrir les miroirs et oublier un corps pas très tonique mais qui proteste. Je lui offre un sirtaki et je danse jusqu’à épuisement. J’ai 75 ans. Tant pis. Il faut que je pense à autre chose.

Le 12, je rejoins Sarah à Corconne et nous prenons la route vers Saint-Flour. Je montre à ma petite fille les villages où j’ai travaillé dans les années 63-64. Nous faisons des haltes à Sarlat, à Montcuq avant de rejoindre Oradour-sur-Glane. J’avais projeté cette visite il y a bien longtemps mais j’avais choisi Sarah pour m’accompagner. J’ai les souvenirs mais je me repose sur sa mémoire. Notre arrêt à Préporché, où je suis restée cachée pendant trois ans, la bouleverse. Comment imaginer cette petite fille silencieuse et sauvage et la retrouver dans cette vieille dame dont elle se sent si proche ?

Fin juillet je pars en Toscane. J’ai peur des aéroports, du poids de ma valise, d’une voiture non automatique, du sable trop fin de la plage, des vagues trop hautes, peur de partager une maison…mais chaque jour je me récupère et je retrouve l’envie de rire. Je m’appuie sur une canne mais je trouve cela très chic.

Fin septembre, je passe une semaine en Israël avec les miens. Je visite le Nord, le lac de Tibériade, Jérusalem, Yad Vashem, Tel-Aviv, des fermes et des champs de coton. Je suis si bien, si calme que j’en arrive à penser que ce pays est un peu le mien.

Le 15 octobre mon terrier est bouleversé, tout bouge, tout s’agite…Milord est là depuis 10H. Rien ne ressemble plus à rien et surtout pas moi…Je miaule, je me roule par terre, je pose mes mains sur ce petit corps autoritaire, je colle mon nez sur des oreilles qui se dérobent, je pose mes lèvres sur un petit bout de nez humide et frais…je vis.

Sophie Chauveau et Fragonard sont à l’honneur dans toutes les librairies.

En novembre, je m’implique dans le show case de « Dracula mon histoire »…peut-être mes débuts dans la production théâtrale mais de toute façon des projets comme je les aime.

L’anniversaire de Dominique, dans un petit théâtre du 20éme, a réjoui ses amis préférés. Dracula et ses deux acteurs, Nathalie Juvet et sa mise en scène, quelques bons plats, un champagne bien vivant et des bons vins ont mis en place une façon d’être heureux dont chacun se souviendra.

Le 11 novembre, à Sérénac, nous avons fêté les 90 ans de Lucienne et elle a déposé dans nos cœurs énergie et sérénité. Le lendemain, à Monclar, j’ai applaudi longuement la première mise en scène de ma Juliet.

Et décembre s’est installé. La crise, des discours inutiles, des vitrines de Noël, des lumières dans toutes les rues, des SDF sans espoir, quelques grèves, quelques crimes là ou ailleurs, des augmentations sur tout, partout, une vieille grande ancienne actrice qui fait la manche, des fous de Dieu qui se cachent derrière lui pour assassiner leurs semblables, des épidémies, des animaux que l’on abandonne …non je n’aime pas décembre…Mais cette année, à Londres, j’ai vu « Le Fantôme de l’Opéra »…et je commence à aimer Noël.

Quand les douze coups ont sonné j’avais le nez sur un baba au rhum aux mille senteurs. Nous avons salué l’amitié et le vrai…Nous sommes en 2012 un peu enivrés par les vœux, les projets, le courage de vivre.

J’écris et je suis comblée. Je retrouve mon imaginaire et je peux ressusciter.

« BONNE ANNEE »

Une photo signée Nicolas Cagnart…366 poissons vous regardent et vous offrent chaque jour un grand moment de paix et de silence.

    • devos samter sur 10 janvier 2012 à 13:59

    je vois en parcourant ton agenda que celui ci en 2011 etait très chargé.Depuis tant d’années tu es toujours la même battante .Encore une fois je suis heureuse que ton blog me permette de lire et de relire toutes tes pensées et tes poêmes .je te souhaite beaucoup de bonnes choses pour 2012 et surtout reste en forme pour me faire rêver.B….

  1. Merveilleux ce texte, Jacqueline, c’est un cadeau pour tous, une richesse, merci !

    • sojavernon sur 6 janvier 2012 à 17:51

    Merci Merci Merci
    tout ce récit d’une année si riche que vous nous donnez à partager via votre blog
    vous me donnez envie de continuer, de rêver, d’avoir des projets d’envisager de faire….
    MERCI
    une très belle année 2012 à vous, remplie de projets qui seront accompli via l’énergie que vous dégager
    le basculement en 2012 dans une nouvelle décennie m’attriste mais vous lire me dit BOUGES TOI

    TRES BELLES ANNEE A VOUS
    au plaisir de vour lire

    • Annie sur 6 janvier 2012 à 17:20

    Je suis contente que la mémoire de tes évènements vécus 2011 te procure à nouveau le plaisir d’alimenter ton blog ; tu n’écris pas en vain, nous te lisons et sommes de tout coeur avec toi pour te souhaiter une très riche année 2012 que tu sauras nous faire partager, je n’en doute pas. Je t’embrasse, avec toute mon amitié,
    Annie

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