Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

Qu’en est-il de mon ADN?

DNA abstract

En fait je suis très inquiète sur son état, ses possibilités et son devenir. Où en sont toutes les informations relatives à mon passé et comment s’organise mon présent ? Mon ADN aurait dû favoriser ma croissance et vous savez qu’il s’est arrêté en route. Quant à son action sur la reproduction…j’en doute. Heureusement que j’ai réussi à m’attacher les enfants des autres pour en faire mes petits enfants. Mon ADN doit m’assurer des défenses naturelles solides et remplir mes armoires de pulls et d’écharpes en cashmere destinés à me protéger des variations climatiques. Là, c’est presque vrai mais ma carte bleue y est souvent pour beaucoup.

Je voudrais bien savoir si quelques cellules gardent vraiment en mémoire certains moments de mon passé. Y trouve-t-on la petite fille de cinq ans à laquelle on a arraché son père ? Et cette même petite fille qui pleure encore son premier ami, Léon, un gros cochon nivernais transformé en boudin ? Il doit même y avoir dans mon ADN des cellules vieillies, grisâtres, qui témoignent de mes engagements politiques idiots. C’est vrai que nous étions nombreux à nous coucher devant les trains qui emportaient des armes à nos soldats en Indochine, bien trop nombreux à nous battre pour des pays qui, aujourd’hui, nous crachent au visage.

Les cellules rabougries et tordues sont probablement celles qui ont participé à mes engagements politiques, à mes études, aux soirées agitées et parfumées de vin blanc, aux déboires sentimentaux. D’autres cellules redressent la tête et leur acide désoxyribonucléique prouve ma réussite professionnelle. Je n’ai pas hésité à offrir la bonne technicité aux pays pas très développés. J’ai soulagé des milliers d’animaux…pourquoi pas des millions ? J’ai bien soutenu « Dame Homéopathie »…et je continue. Je me suis sentie écoeurée par le monde politique et enfermée dans mon isoloir je n’ai osé penser à mon passé.

Je crains l’épuisement progressif de mon potentiel ADN. Il reste indifférent à mes grands et petits maux et se désintéresse de ma vieillesse. Pourtant, je le sens toujours très présent dans cette masse charnue qu’est mon cerveau. Le matin, il s’agite, fait des vagues, grogne…mais le soir, il refuse même d’écouter Bach ou Amalia Rodrigues. Comment lui reprocher de ne pas s’occuper de mes muscles, de mes os, de mes mains ?…

Je constate que mon ADN fout le camp sans même m’avoir demandé mon avis. Pourtant il sait très bien que je fume plus, que je ne bois plus, que je prie pour ce monde qui subit la colère de Dieu – l’Universel, pas le local – que je refuse toute magouille politique, que je ne lis que les livres qui le méritent, que j’achète les meilleurs DVD et encore bien des CD, que j’offre des cadeaux à tous ceux qui me sont chers, que je ne mens presque jamais, que je continue à donner des conseils à tous ceux qui vivent avec des chiens, des chats, des rats…que je dépose souvent une petite pièce ou un billet dans le bol des « artistes du métro « , que je respecte mes amis et que je m’agite encore autour de quelques projets.

Je ne sais pas très bien comment je vais pouvoir approfondir l’état de mon ADN. Ce qui m’inquiète, c’est que je risque d’en laisser dans tous les coins. On dit que c’est bien plus fiable que les empreintes digitales. Je n’ose plus cracher sur tous les voyous qui me bousculent, sur ceux qui n’hésitent pas à me faire une queue de poisson, sur tous ces journaux qui sèment la haine, sur tous ces banquiers qui poussent des clients au suicide, sur tous ceux qui mentent et sur tous ces égoïstes qui soulèvent des tsunamis de larmes.

Si dans mes crachats, mon ADN dit « présent », on me passera les menottes et je retrouverai l’odeur agressive des paniers à salade…Dîtes-moi, l’ADN, c’ est bien cette molécule qui gère notre hérédité ?

1 commentaire

    • coline eifler sur 10 avril 2011 à 23:43

    Chère Jacqueline,
    C’est ce que je craignais, tu déprimes. J’espérais avoir de tes nouvelles depuis un certain temps, mais, prise par les soucis de l’entrée de maman en maison de retraite (EHPAD – c’est terrible, malgré la gentillesse du personnel), je n’ai pas pris de tes nouvelles et tes tristes réflexions sur l’ADN m’inquiètent.
    Je m’aperçois que je te tutois. Désolée, c’est ça, l’amitié.
    Ecris-moi sur mon e-mail. Il fait beau, les tulipes succèdent aux narcisses qui nous ont remonté le moral depuis début février. Tout est en avance d’un mois, les lilas fleurissent depuis quinze jours, aujourd’hui j’ai vu des pivoines arbustives en fleurs ! Qu’en est-il de leur ADN ?
    Je t’embrasse, mes chats aussi.
    Coline

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