Deux cerveaux?

Non, nous n’avons pas deux cerveaux mais un cerveau avec une partie droite
et une partie gauche…mais je ne sais plus très bien comment elles se partagent
les tâches. L’émission Thalassa diffusée par FR3, hier au soir, m’a plongée dans le doute.
La partie droite s’est passionnée pour la découverte de l’Ile de Porquerolles : la mer
partout avec des couleurs magiques, les criques, les arbres, les vignes, les bateaux, les
oiseaux et enfin ce prêtre orthodoxe priant six heures par jour dans sa petite chapelle
aux murs couverts d’icônes.
Et soudain, en quelques minutes, tout a basculé vers la partie gauche de mon cerveau,
celle qui est en relation avec mon coeur ou plus exactement avec ma conscience judéo-
chrétienne. Un journaliste français a eu le courage de filmer une centaine d’hommes et
de femmes fuyant l’Ethiopie et la Somalie. Après des semaines d’attente dans des camps
pourris, ils vont embarquer sur un bâteau mesurant tout juste 10 mètres…Des êtres vivants,
avec un cerveau en deux parties, imbriqués les uns dans les autres, sans nourriture, sans
eau mais battus par 8 passeurs qui ont exigé 50 dollars par personne pour les jeter à la
mer, dès que les côtes du Yemen seront en vue.
Je ne sais pas s’il existe un Prix Nobel du courage, mais il faut l’inventer pour remercier ce
journaliste. Comment pouvons-nous avoir la conscience tranquille? 50 dollars pour risquer la
mort ou s’échouer sur les côtes d’un pays qui va les mépriser et les nourrir de déchets.
Les élections, dans notre pays démocratique, vont coûter 2 Euros par électeur… des millions
d’euros qui pourraient aider ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ont aussi un cerveau
avec une partie droite et une partie gauche mais qui ne connaîtront que la haine, la misère ou
la guerre.
Je n’ai plus l’âge de me battre mais j’ai encore assez de voix pour crier ma honte.
Ces réfugiés avaient le même regard que les déportés qui rentraient d’Auschwitz…mais
nous sommes en 2007 et nous n’avons pas le droit de rester silencieux. Ecrivez à FR3 et
exigez la rediffusion de ce reportage…aujourd’hui, demain, chaque jour…là et ailleurs.