Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

Le Freyschütz à l’Opéra de Nice

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Il y a quelques années, je prenais volontiers un train pour aller en province, écouter l’un de mes opéras préférés : le Crépuscule et Lohengrin à Strasbourg, Pelléas à Rouen, Carmen à Bordeaux, La Traviata à Toulouse…et j’ai pu grogner contre nos salles parisiennes, prétentieuses et trop chères.

Mon amie de toujours, Anne Stéphant, qui est responsable du marketing de l’Opéra de Nice, m’avait réservé une place, afin que je puisse voir ce Freyschütz que j’aime tant. Dès la première représentation, en 1821, Weber a connu un accueil exceptionnel. On ne peut guère rester insensible à cette richesse mélodique, à ce conte populaire presque enfantin, à cette atmosphère chaleureuse qui apporte comme le parfum des gâteaux de fête de notre enfance. Mais pourquoi diable nous imposer une version française que l’auteur lui-même, notre grand Berlioz, n’aimait guère ? La langue d’origine laisse une poésie qu’on ne retrouve que très rarement dans les versions transformées.

On me dit que les critiques, présents pour la première, n’ont pas été tendres. J’ose espérer qu’ils ne resteront pas sur cette mauvaise impression.

Philippe Auguin a été ce mardi 19 novembre un véritable enchanteur…quelles belles ouvertures et comme Weber aurait apprécié que, jamais la mélodie ne couvre les voix…

J’ai aimé Claudia Sorokina, Hélène Le Corre, et tous les autres…Max, Kouno, Ottokar…comme j’ai aimé les chœurs dont la présence, sur ces escaliers de misère, nous fait oublier la scène trop encombrée.

Je ne veux surtout pas vexer Guy Montavon, mais pourquoi ne pas respecter l’aspect enchanteur du romantisme allemand. Pourquoi cette sorte de gibet qui  fait penser aux échafauds de la Révolution…on méritait sa mort en haut des marches…Pourquoi ces couleurs de fête foraine alors que les feux rendent toute sa puissance à la musique.

Les Opéras d’hier sont des antidépresseurs puissants. On peut vouloir respecter les mises en scène de la création. On peut les adapter à notre monde moderne. Il est possible d’imaginer Agathe et Max, main dans la main, sur la Promenade des Anglais, Don Giovanni dans une croisière mondaine, Fidelio dans une prison intégriste…parce tous nos musiciens ont su dépasser leur temps.

Philippe Auguin est un homme respectueux et je suis persuadée que Weber lui a glissé sa joie tout au fond de l’oreille.

J’ai parfois fermé les yeux pour retrouver l’harmonieux mystère de la musique…un cadeau que nous offrent les plus grands.

 

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