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« Noces de charbon »

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Enfin Sophie Chauveau parle d’elle, tout au moins de ses origines, de sa famille, de son installation dans la seconde moitié du 20ème siècle…et nous pouvons nous en réjouir. Elle a vécu des mois avec Vinci, Botticelli, Fragonard, Diderot…mais personne ne pouvait imaginer qu’elle accepterait enfin de parler d’elle, de sa famille, des crises économiques et politiques qui ont secoué la France de la fin du 19ème et du début du 20ème, des mesquineries familiales, de la jeunesse dorée et moins dorée de l’après-guerre, de cette petite Sophie privée d’amour.

Ceux qui aiment ce goût immodéré de la précision que l’on trouve dans les biographies de Sophie Chauveau, aimeront ces « Noces de Charbon ». Dès la vingtième page on trouve sa place à la table de Micheline, on accompagne Adèle à Drouot, on menace les patrons, on soutient les mineurs, on danse à Saint-Germain, on conduit des voitures de sport, on se tourne les pouces, on prépare 68.

Sophie aime la vérité, la sincérité, le rire…comme elle aime ses filles, sa maison, la bonne cuisine, Bach et la musique baroque et je devrais dire ses amis, dont moi, qu’elle connaît depuis presque 40 ans.

Dans cette biographie familiale, qu’on lit tout muscle tendu comme quand on entre dans un polar de la Série Noire, Sophie Chauveau ne s’autorise aucune concession. Plus la vérité est redoutable, plus elle nous oblige à l’étreindre. Je pense « polar », car on garde en bouche les sales odeurs du chantage, de la jalousie, des mensonges, de l’hypocrisie, de l’argent noirci par la sueur des mineurs. L’auteur est une femme de combat, une femme de vérité et ce roman je le sens, moi, comme un testament politique. On y retrouve les grèves du début du 20ème siècle, la création des syndicats, le Front populaire, l’Internationale, les Croix de Feu et la droite antisémite, l’Algérie en haillons, le nazisme et les camps de la mort…

Sur les barricades de 68 la petite Sophie a 14 ans. Elle crie sa haine des combines, des familles égoïstes et hypocrites, des romans de gares, des films à l’eau de rose, des produits chimiques qui empoisonnent, des violeurs, des antisémites… Elle chante Ferré et lit Sartre.

Que de grands moments nous avons partagés depuis « La Débandade »…jusqu’à ces « Noces de Charbon ».

Sophie Chauveau écrit SA vérité, cette vérité qui est un peu la nôtre et qui nous oblige à vivre la tête haute. Un livre dans lequel on se retrouve, on n’en lit pas tous les jours.

Sophie Chauveau

NOCES DE CHARBON

Roman Gallimard – 395 pages – 20E.

2 commentaires

    • Florestan sur 30 septembre 2014 à 23:12

    Sophie Chauveau « aime la vérité »? Eh bien ça ne se voit pas dans ce roman truffé d’erreurs historiques. Exemple: pendant la Grande Guerre, l’un des personnages passe son temps à faire des allers-retours entre Amiens et Anzin. J’aimerais bien savoir comment!

    • Louise sur 25 novembre 2013 à 23:43

    ça me donne envie de le lire!
    bisous

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