Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

La nature veille…

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10 juin 1944, quand les bourreaux ont quitté la ville, les arbres étaient calcinés et dressaient leurs moignons douloureux vers un ciel honteux de n’avoir pu intervenir.

Vendredi 15 juillet 2011, je suis avec Sarah, ma petite fille, et nous roulons vers Oradour-sur-Glane. Elle est devenue ma mémoire et j’ai voulu ce détour. Nous parlons peu, car nous savons que là-bas les mots n’ont pas d’importance.

Nous venons de passer trois jours sur les routes de mon passé. Avec elle, tout m’a semblé moins douloureux, et j’ai enfin compris qu’elle ne permettrait jamais que ces années de guerre soient oubliées. Je lui ai transmis ma passion pour l’Histoire et pour la Vérité. Aujourd’hui ses études me comblent.

Oradour n’a rien d’un musée du souvenir. La ville martyrisée vibre, toute proche de la ville nouvelle.

Nous avons marché côte à côte, regardant une vieille machine à coudre, quelques assiettes, une chaise, une brouette, des tracteurs…Nous avons caressé les murs souillés de larmes, encore tièdes. Nous avons entendu les cris, des enfants enfermés dans l’église, des animaux enfermés dans les étables.

10 juin 1944. La guerre n’est pas finie. Je n’ai pas revu ma mère depuis mars 1942. Je marche lentement et m’appuie sur le bras de ma petite. Nous entendons la mort.

Silence…Quelques arbustes ont franchi les murs éclatés et s’élancent vers le ciel bleu. Oui, la nature veille…Elle ne permet pas l’oubli.

Dans l’église, nous avons murmuré un Kaddish pour ces morts-là et pour tous les autres, d’hier et d’aujourd’hui. Qui, un jour osera jeter un sort à toutes ces armes au service de la haine et de l’argent ? On se bat, là, si près de nous. Souvent je pense aux brutes qui, en hurlant, sont arrivées à Oradour et, en quelques heures, ont tout détruit. Au cours des années les costumes et les vocabulaires ont changé, les armes sont plus sophistiquées mais les morts, toujours, sont notre honte.

A Auschwitz les arbres ont repoussé. Ils veillent comme veillent ceux d’Oradour et tous, parfois rejoignent le Ciel et la Terre pour imposer la Paix et détruire toute haine.

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1 commentaire

    • sojavernon sur 10 septembre 2011 à 22:49

    Merci à vous
    ces reflexions, ces ressentis, ces lieux non oubliés,
    je n’ai pas votre vécu mais visitant oradour un été lors de vacances j’ai été marqué et le resterait, la sensation me revient à chaque lecture ou évocation du nom de ce village

    mille mercis de nous faire partager toutes ces impressions que l’on ne ressent jamais amères

    CONTINUEZ – CONTINUEZ votre cerveau ne se ratatine pas encore

    cordialement

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