Je n’ai plus aucun besoin de voyager mais quand Béatrice Commengé me dit qu’elle part pour Venise, j’ai vraiment envie de me glisser dans ses bagages. Notre rencontre, chez Nadine Nimier, date de février 1998. Nous venions d’apprendre la mort de Nicolas Bouvier et nous étions tristes. J’ai compris que Béatrice était aussi un écrivain-voyageur . Elle bouge dans son corps, dans sa tête, au bout de ses doigts…mais surtout elle nous apprend à regarder les villages, les bistrots, les cimetières, les coutumes, les âmes…Avec Béatrice j’ai retrouvé Rilke et ce « petit routard » de la littérature qu’est : « Voyager vers des noms magnifiques » nous rapproche de Nietzche, Joyce, Miller, Flaubert…quelques heures avec eux, tout près d’eux. Béatrice voyage, mais, elle goûte, déguste…les vins, les fruits et les légumes, le pain. Elle parle et rit avec les vieux des villages qui savent encore raconter le ciel, la terre, les animaux, le vent et les célébrités qu’ils ont parfois rencontrés. On comprend combien elle a aimé les siens, ses maisons, ses amis et les vies de tous ces écrivains dont elle veut nous rapprocher. « Plus un maître est grand et plus sa personne disparaît derrière son œuvre ». Béatrice est une femme de lettres mais elle donne l’espace, le temps et la musique des mots. Elle sait nous offrir « le champ de repos si vert, au milieu du désert des vivants ». Béatrice est un écrivain-voyageur qui, souvent, choisit les nuages pour survoler le monde…Vais-je un jour me glisser dans ses bagages ? « …des noms magnifiques… ». Chacun a les siens. « On ne quitte pas plus son village natal que son enfance ». Où donc est aujourd’hui ce Préporché de mon enfance à moi, si troublée ?
Béatrice Commengé « Voyager vers des noms magnifiques » – Finitude
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