Les élections américaines m’ont-elles fait oublier les prix ? Ou bien suis-je lassée des critiques littéraires ? Ou tout simplement parce que je savais, qu’en déjeunant avec Maïté, j’aurais droit, encore une fois, au meilleur.
Le meilleur ? Il était au-dessus de la pile et j’ai grogné parce qu’il avait 500 pages…mais heureusement édité par Zulma.
J’ai toujours essayer de faire confiance aux prix littéraires et, du temps où mon amie Madeleine Chapsal faisait partie du jury « Femina », je les ai sûrement tous lus et tant pis si je n’avais jamais entendu parler du lauréat.
J’avais compris que « le Garçon » n’était pas un livre comme les autres et je me suis installée sur l’un de mes astéroïdes préférés, pour que rien ne vienne briser notre intimité.
On ne lit pas à 80 ans comme on lit à 30 ans mais de page en page je me suis sentie dans un autre monde, comme si cette histoire m’appartenait. J’ai accepté le contact physique de ce Garçon. J’ai embrassé ses yeux remplis de larmes. J’ai écouté longuement le rythme de son cœur. Je lui ai dit ma guerre, nos hommes assassinés, ma grand-mère a jamais détruite et ma mère, qui toujours racontait, pour que personne ne puisse oublier.
Lui, « le Garçon » avait serré ma main et l’avait posée sur son front. Là, j’y entendais les canons, les prières et les chansons montant des tranchées, les cris des blessés…
Les pages se sont tournées et chaque mot ranimait cet immense amour des livres que j’avais cru perdu.
Cher Marcus Maute…il faut que vous sachiez que j’ai croisé bien des écrivains pendant ma jeunesse : Aragon, Eluard, Claude Roy mais aussi Georges Arnaud et Pichette… Aujourd’hui j’ai envie de vous sourire, de vous remercier et sûrement de vous offrir un livre. Connaissez-vous Yannis Ritsos ou Mahmoud Darwich ?
Comment vous remercier pour ces heures d’amour, de musique, de vérité, de haine contre toutes les guerres…
Votre Garçon, dont je ne peux m’empêcher de parler, est un peu devenu mon Garçon. Pour lui, je recommence à penser à mon passé.
Ainsi, il ne sera plus jamais seul, mais c’est bien ce que souhaitez. Ensemble, nous allons pouvoir survivre. Je vais tenter de lui faire oublier la cruauté des hommes. Je vais lui apprendre à revivre son amour pour Emma et à laisser son corps se dissoudre dans la douceur de ses souvenirs.
Marcus, permettez-moi de vous appeler ainsi, merci pour ce livre. Je n’ai rien d’une critique littéraire mais je sais que beaucoup de mes amis vont vouloir vous lire et vivre ainsi un moment merveilleux.
Nous traversons des moments difficiles mais votre Garçon va nous aider à récupérer notre honneur.
« Le Garçon » – Marcus Malte – Edition Zulma
1 commentaire
Chère Jacqueline,
Depuis que j’ai ouvert ce livre, je ne le quitte pas. 356 ème page aujourd’hui. J’ai hâte de continuer et en même temps je n’ai pas envie de finir ce magnifique roman. Mais je ne peux pas m’en empêcher, j’y retourne tout de suite. Merci à Marcus Malte pource roman d’une écriture intense, précise et merveilleuse. Et merci à toi de partager cette découverte et beaucoup d’autres.