Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

Aujourd’hui, elle aurait 103 ans…

 

Sur la photo en noir et blanc, c’est ma mère, dans les années 30, en vacances à Beaugency. Sur l’autre photo, elle est près de Charles, son compagnon tant aimé et je crois que c’est à Blonville pendant l’été 82. Un demi-siècle les sépare. Mais regardez comme ma mère avait su rester belle.

Dimanche 17 mai 1912, dans son appartement peu confortable du 20 rue de Romainville, aux Lilas, ma grand-mère aidée d’une sage-femme, met au monde une énorme petite fille, Rose. La maman n’a pas encore 17 ans et le papa, tout juste 20 ans. Ils sont arrivés de Varsovie au début de l’année 1911. Pour avoir un appartement, ils ont été obligés de se marier. Ils s’étaient tout juste rencontrés dans le train. Quelques mois plus tard, pour pouvoir garder l’appartement, alors qu’ils sont de plus en plus pauvres, ils décident d’avoir un enfant.

Ce dimanche 17 mai 1912 il fait 33° à Paris, le Titanic vient de sombrer et l’aviation française est en deuil, l’aviateur Krieper ayant perdu le contrôle de son avion pendant le meeting de Strasbourg.

Ferdinand-Froïm, Louise-Rifka et la petite Rose sont pauvres mais heureux car presque français. Les toilettes sont sur le palier. On va chercher l’eau à la fontaine, juste devant la porte de la maison. On essaie d’oublier le yiddish, mais parler français, alors qu’on ne sait ni lire ni écrire, n’est pas facile. Très vite, la petite Rose qui comprend tout sera leur interprète et les aidera, quelques années plus tard, à gérer leur atelier de maroquinerie.

En octobre 1917, alors que Lénine prend le pouvoir, ma grand-mère met au monde un autre petit Français qu’ils prénomment Jacques. C’est la fête chez tous les Juifs de l’Est.

Les années vont passer. Rose fera des études de sténodactylo, comme on disait à l’époque des machines à écrire Remington. Jacques entrera à l’Ecole Normale d’Instituteurs…une très grande école affirmait ma grand-mère.

On apprend qu’il se passe des choses bizarres en Allemagne, les extrémistes de droite crient : « la France aux Français », mon oncle devient le secrétaire de Maurice Thorez, mon grand-père, le représentant du Bunt…

Ma grand-mère est heureuse et tellement fière de ses « enfants français ». Elle marie sa fille à un apatride mais quand le 1er juillet 1936, toujours au 20 rue de Romainville, dans le même lit et entre les mains de la même sage-femme, je pousse mon premier cri, personne ne peut imaginer ce qui va se passer, sauf les puissants de ce monde comme nous le saurons, mais trop tard.

Aujourd’hui, 17 mai, ma mère aurait 103 ans. Elle est partie le 20 octobre 2000 et elle était encore tellement belle.

J’aurais aimé que vous la connaissiez…vous tous mes « amis de Facebook ».  Elle aimait rire et communiquer, préparer la mousse au chocolat et recevoir ses amis. Elle se souvenait de tout et moi, aujourd’hui, je ne dois  pas la décevoir.

« Bon anniversaire maman ».

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1 commentaire

    • Gisèle Forget-Bordron sur 7 août 2016 à 21:07

    Mais comme elle est belle cette maman !

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