Tu es partie…

Tu es partie après des nuits de veille, sans une dernière cigarette, sans une petite rasade de vodka, sans un morceau de chocolat blanc, sans même un coup d’œil sur l’un de ces vieux films américains, qui, au ciné-club de la 3, te tenaient éveillée jusqu’à 3H. du matin.

Tu es partie, sans moi.

Au Reposoir de l’Hôpital Pasteur, j’ai passé un long moment près de toi et mélangeant trente cinq années de souvenirs, je t’ai parlé de Toto, de Baba, de ma mère, de la naissance d’Antonia et du mariage d’Anne, de notre voyage à New-York, de ma retraite puis de la tienne, de la Planche et du Galet, de nos soirées gastronomiques, de nos amis communs, de tes chorégraphies et de mes conférences,  de notre vie d’avant.

Nous avions refusé la vieillesse mais la garce a profité d’un moment de faiblesse pour s’abattre sur toi. Alors tu es partie pour la première fois.  Anne veillait sur toi et tu m’appelais très souvent.

Tu es partie une nuit de juin…votre dernière pirouette Madame Hélène Sadovska.

Toutes les trois nous t’avons donné notre infinie tendresse, une profonde spiritualité et l’assurance que ta pensée, toujours, saurait nous rapprocher.

Aujourd’hui, tous nos amis m’appellent, ceux de la Danse que tu m’as fait connaître et ceux des Médecines Ecologiques que je t’ai fait connaître.

Anne a retrouvé son bureau et ses rendez-vous, Antonia ses livres de droit et moi, tout mon « bricolage intellectuel » qui te faisait tellement rire.

Car la vie doit s’organiser sans toi.

Je vais écouter le « Rondo capricioso » et  « la Jeune Fille et la Mort » très souvent.

Je vais passer rue Daru allumer quelques bougies.

Je vais te préparer un joli plat de poissons crus.

J’organise mes souvenirs…