Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

« Le rire rouge »

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J’habite le même appartement depuis plus de vingt ans et chaque mur est recouvert de livres, des livres que j’aime lire, certes, mais aussi acheter, empiler, toucher ou mieux caresser, en promettant à ceux qui sont là depuis toujours, de les relire plus tard…J’en ai vendu, donné à des hôpitaux, à des maisons de retraite, à des amis… alors que jadis je refusais même de les prêter.

Chaque livre  porte mon nom et la date à laquelle je l’ai lu, ce qui correspond à un moment de ma vie que je ne veux pas encore oublier.

Il y a quelques jours j’ai déjeuné avec Maïté, mon amie-libraire qui entretient mon addiction depuis presque trente ans. Sur ma table, elle a déposé quatre romans. J’en ai déjà dévoré deux qui sont des chefs d’œuvre et dont je vous parlerai.

« Connais-tu Léonide Andréiev ?  Oui. « Le rire rouge » ? Jamais entendu parler. »

Aussi  ce billet est pour toi, Maïté, parce que la lecture doit être un échange, une sorte d’ouverture des frontières dans ce monde privilégié qu’on appelle amitié…

Partout le monde est en guerre, alors que ce petit ouvrage, d’à peine 100 pages, en montre la cruauté et l’inutilité. Nous sommes à la fin du 19ème siècle, en Mandchourie. Mais quelques années plus tard, cette même guerre se sera déplacée à Verdun, puis quelques années plus tard encore dans le Vercors ou sur les côtes de la Manche, puis toujours plus tard au Vietnam, en Syrie, au Mali…

La guerre d’Andréiev n’a pas de règle, pas de morale. Elle ordonne à l’homme de tuer en rejetant tout état d’âme.

Léonide Andréiev n’était ni un tsariste, ni un bolchévique. C’était un écrivain courageux qui mérite d’être lu ou relu aujourd’hui. « Le rire rouge » est un manifeste contre tous ces dirigeants, fous et cruels, qui génèrent la haine. Il ne suffit pas de changer les régimes ou les hommes pour améliorer la condition humaine mais nous devons apprendre à rester vigilants.

« C’est le rire rouge. Quand la terre devient folle, elle se met à rire de cette façon. Tu le sais bien que la terre est devenue folle. Elle n’a plus de fleurs ni de chansons. Elle est devenue ronde, lisse et rouge, comme une tête que l’on a dépecée. »

Léonide Andréiev – « Le rire rouge »

Editions OMBRES – Toulouse

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