Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

SHABBATH

« Shabbath shalom » C’est souvent ma façon de dire « au revoir » à mes amis les plus proches…En fait, ce que je leur offre là, c’est une façon de trouver la paix intérieure. Tous savent que je n’ai jamais respecté le 7ème jour et que, pour la Française-Juive que je suis, seuls les impératifs professionnels ont eu de l’importance.

Mais je suis hypersensible aux mots, tout au moins à ceux qui ont résisté à l’indifférence de ma mémoire.

Ce qui vous explique que découvrant « Shabbath » sur une affiche de théâtre, j’ai décidé d’y aller.

Maya Nahum m’accompagnait et nous avons trouvé bien plus encore que ce que nous imaginions. « Shabbath » comme une histoire d’hier bousculant le présent . Des cris et des mouvements modulant l’intolérance et les forces de réconciliation…

Mais je cède la parole à Maya Nahum. Elle écrit vrai et j’aime que nous puissions partager le pain natté et le vin. Lui offrir mon blog…c’est comme partager le Shabbath.

Deux danseuses évoluent sur scène et, derrière,  un ténor accompagne leurs mouvements. Bande sonore de voix qui scandent des phrases hachées, saccadées, volontairement incompréhensibles pour mieux faire surgir  certains mots : Crimes, camps, torture, Auschwitz, mort, etc.

Shabbath est une pièce étrange, dure et forte.

Comment vivre aujourd’hui avec le passé criminel? Comment se réconcilier avec nos ancêtres pour continuer de vivre et construire l’avenir? Comment dire, montrer l’indicible? Par la création, encore et encore.

Car l’indicible c’est ce que les criminels ont fait, ce n’est pas la façon de le dire.

Sur scène les artistes sont tour a tour victimes ou bourreaux comme pour sortir l’horreur barbare des livres d’histoire où elle repose trop tranquillement. C’est si facile d’oublier. Primo Lévi l’a refusé et a tissé des mots pour psalmodier des kaddish et bâtir des sépultures aux massacrés.

Ici la danse et le chant donnent vie à la mémoire et permettent l’avenir.

Stéphanie Boll et Géraldine Lonfat, les danseuses sont toutes deux des ex championnes de gymnastique. Cette empreinte de leurs corps donne à leur chorégraphie un rythme cassé qui empêche l’apitoiement. Comme la musique d’André Pignat, qui  participe de la même volonté de secouer notre oubli somnolent.

Maya Nahum

Au Théâtre des Mathurins

36 rue des Mathurins – Paris 8ème –

01 42 65 90 00

Les dimanches à 19H. Les Lundis à 21H.

Jusqu’au 17 décembre.

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