Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

Fêtons ses 100 ans!

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Mon père est né en 1909 dans un village roumain. Mon grand-père et son frère, nés à Kiev, ont fui la Russie dès 1905, le Tsar ayant décidé d’enrôler les Juifs, grands et beaux, dans l’armée toujours en guerre contre le Japon. L’un fuit par le Nord…l’autre choisit le Sud…ils décident de se retrouver dans le quartier juif de Paris. Leur vœu se réalisera en 1910…l’un s’appelle « PEKER », l’autre « NIPOMNITCH »…c’est là une longue histoire qu’il faut que je vous raconte un jour.

Pour les deux fuyards la marche a été longue, souvent douloureuse mais chacun a trouvé une femme qui a accepté de le suivre. Ma grand’mère vivait en Autriche-Hongrie mais elle suit son époux et accouche en Roumanie. Ce qui explique que mon père est resté « apatride » jusqu’à sa mort, en 1942, à Auschwitz.

Ce juif apatride et tellement français qui aimait les beaux costumes, le bon vin, les bijoux et les bagages en cuir a été arrêté en août 1941, chez lui, en fin de matinée, par deux civils français dont je n’ai jamais oublié les visages. Il a rempli sa valise « Lancel » en cuir fauve… « Ne prenez que l’indispensable »…Il a embrassé sa femme et sa petite fille. Il ne les reverra jamais. Il aimait la France plus que tout et, surtout il ne croyait pas à la guerre. Comment aurait-il pu organiser sa fuite ? Je l’ai retrouvé lors de mon premier voyage à Auschwitz. Parmi des milliers de valises, j’ai cru voir la sienne et depuis, chaque jour, je pense à lui, à nous.

2009, il aurait eu 100 ans. Mais il est mort à 33 ans…dans le wagon n°12 qui le convoyait vers ce camp dit « de travail » ? En arrivant ? Désigné comme trop faible pour travailler, donc orienté vers les fours ? Je ne veux pas savoir, mais je sais qu’il aurait été un beau vieillard élégant et souriant. Il aimait tellement la France et tout, ce que chaque jour, elle lui donnait. Il aimait rire, chanter et sur son violon jouer les airs yiddish qu’il n’avait pas oubliés.

Mon père…ma victime à moi et ma raison de maudire chaque jour ceux qui ont permis ces massacres. 1941, l’année de tous les crimes…mon grand-père fusillé au Mont Valérien, mon oncle mort sous la torture à Beaune-la-Rolande…

Mon père aurait eu 100 ans. Chaque jour je pense à la Shoah car, de toute façon, nous n’avons pas le droit d’oublier.

    • Henry Goldfarb sur 11 novembre 2009 à 13:25

    Je ne connaissais pas les circonstances de l ‘arrestation de votre Papa, et j’en ai été plus que bouleversé en lisant ces lignes. Il ne faut pas oublier, ma grand-mère paternelle, cachée prés de Toulouse à cette époque là, a appris à la Libération que les trois quart de sa famille avaient été déportés. Elle a cru devenir folle, la Shoah est dans nos âmes pour toujours.

    • shlomo sur 7 novembre 2009 à 15:39

    e est pas emouvant c est terrible, on ne peut pas oublierc est pourquoi je suis ici avec mes descendants baisers shlomo

    • Agnès sur 2 novembre 2009 à 20:11

    Je t’attends dans ma classe….!

    • ALAUX Michèle Marie sur 31 octobre 2009 à 20:38

    J’entends votre souffrance, je n’ai pas le même parcours de vie. J’ai mal moi aussi de ces terribles horreurs humaines.

  1. Mon oncle Jacob, le frère de mon père, « le meilleur de tous » disait maman était lui aussi né en 1909 à Czsanov. Lui aussi aimait la France, les bons vins, le bon goût et lui non plus ne croyait pas à la guerre. Aujourd’hui son nom est sur le Mur, là, de l’autre côté de la Seine. Ils se sont peut-être connus, tous les deux. Il ne me reste que quelques lettres adressées à sa femme et à sa petite fille qu’il a vu naître juste avant Drancy…Danièle

    • henri peker sur 30 octobre 2009 à 15:55

    to ma merveilleuse cousinne…………merci pour ces lignes pleine de souvenir et de joie.je suis extremement fier de porter le meme nom.Avec tout mon amour.HENRI PEKER.

    • Louise sur 28 octobre 2009 à 18:05

    Le sang roumain coule aussi dans mes veines…Ma grand-mère maternelle est née à Bucarest en 1905…
    Je vous embrasse,

    Louise

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