Le blog de Jacqueline Peker : littérature, homéopathie, animaux, musique

A jamais immobile…


A jamais immobile…
A jamais immobile…Joë Bousquet nous a montré combien il savait se consacrer aux autres et combien le langage lui était indispensable. Son oeuvre est difficile, mais elle mérite toute notre attention. Maïté m’envoie l’un de ses poèmes et je retrouve cet écrivain tant aimé…Blessé pendant la guerre de 1914-1918, il haïssait la violence mais aimait tant la vie. Ecoutez-le :
« Mais se connaître est une opération difficile, presque impossible. Notre vie est tournée vers le dehors. Nous connaissons, hélas! et cette façon de connaître nous aveugle. Elle est rassurante, nous immunise contre le vertige qui nous saisirait si nous nous regardions nous-mêmes. Nous connaissons la bonté, le courage, la charité, nous mimons assez bien ces sentiments : mais nous connaître à leur sujet c’est en sentir en nous le défaut, et il n’y a pas de plus douloureuse expérience parce qu’elle inaugure l’explosion du néant à qui nous donnons asile, nous tous, plus morts intérieurement que la mort dont nous avons fait un simulacre à la mesure de l’homme, – y projetant le froid noir qui est dans notre coeur. Nous nous réfugions dans l’image de l’homme.
Nous préférons croire que c’est d’elle que nous tenons la vie. Elle ne nous peint que notre peur. »

2 commentaires

    • Danièle sur 7 décembre 2008 à 14:13

    En ce moment, je lis « Lettres à une jeune fille »,(chez Grasset) lettres écrites par Joë Bousquet à Jacqueline Gourbeyre, (née en 1928, morte en 1999) publiées par les enfants de celle-ci en cette année 2008. Je souligne des phrases magnifiques que je t’envoie, Jacqueline: p41 « Chacun de nous n’a qu’une voix à produire, il se découvre mieux à travers la symphonie des voix étrangères où il se reconnaît »
    p44: « Ecrire, c’est distraire les hommes, leur plaire en leur montrant ce qu’ils sont. L’écrivain qui cherche à faire désespérer l’homme de lui-même est un médiocre et un salaud. Car l’homme naît dans le doute, il naît aveugle à ce qu’il est vraiment. Le confirmer dans ce doute, c’est facile et bête. La vraie tâche, c’est de lui faire sentir les ressources illimitées de l’humain. »
    Il y a tant d’autres phrases encore à retenir…Merci aux héritiers de J. Gourbeyre d’avoir consenti à ce partage exceptionnel.

    • Magali sur 1 décembre 2008 à 21:19

    Quand allons-nous ensemble à Carcassonne ?
    mon grand-père, hélas décédé, était un de ses amis intimes ; il aurait pu t’en raconter à son sujet … Parfois, on cotoie des « grands » noms et on ne le réalise que trop tard…

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publié.